Kenji n'est pas mort! [libre]

~°|Première péripétie à Kenji|X|Deuxième post|°~

Kano s'était installé dans le foyer en attendant de démarrer son premier cours, plus tard dans la matinée. Il était arrivé avec un café au fond de l'estomac et avait grignoté quelques biscuits en compilant le dossier qu'un prof avait adressé à ses élèves, sur la littérature japonaise du XIVe siècle. Il fallait dire ce qui était : il n'en avait rien à branler. Il avait passé assez de temps sur la langue japonaise pour avoir son fichu diplôme et pouvoir accéder à des classes de lycée. Il avait fait un paquet d'efforts pour pouvoir arriver à ce niveau et espérer éviter que sa famille entière ne finisse à la rue, et maintenant qu'il était arrivé il réalisait qu'il était encore loin d'avoir vécu le pire. Il rencontrait des gens dont il n'avait jamais entendu parler, et le professeur en parlait comme si tout le monde savait naturellement ce qu'ils avaient fait. Des haiku épars ponctuaient un récit soporifique, sans annotations ni références, et semblaient devoir faire guise de conclusion à chaque grande idée développée.

C'était une vraie torture !

Finalement, le jeune homme soupira et finit par glisser le dossier dans son sac à dos marron en tissu et à ceinturons, et se fit un devoir d'aller prendre un autre café et de s'affaler dans un fauteuil pour se masser les tempes et se remettre de ces premières émotions. Vivement le cours de mécanique !
Le temps avançant, il ne remarqua pas spécialement les autres jeunes qui entraient et l'animation qui se faisait jour. Il ne remarqua pas le moins du monde l'entrée de Hugo Shawn non plus - il le connaissait de nom car il était apparu sur la plupart des blogs des lycéens de Kenji dans ses recherches sur l'établissement -, ni même le début de son altercation avec un guignol et mauvais rapeur. En fait, il commença à tiquer justement lorsque le challenger commença à raper. Kano n'était pas adepte du rap, mais il écoutait un peu de rapcore américain et français, et ne disait jamais non à un slam de qualité. Au niveau de la qualité, ce gars pêchait affreusement d'ailleurs, et c'est ce qui fit lever les yeux du jeune homme, qui jeta un regard noirci par la fatigue intellectuelle vers ce triso de première, lequel faisait son beau en lançant des vers pourris dont il pensait pouvoir faire un tube.

La performance finie, Kano dut se retenir de ne pas jeter son sac à la tronche de ce bouffon. C'était abominable, il en avait serré les dents et plissé les yeux du début à la fin.
C'est alors que Shawn s'était lancé. Kano le reconnut du premier coup d'oeil, et se décida à remettre à plus tard son départ. Le slam du Français lui fit légèrement redresser les commissures des lèvres. La qualité était déjà plus au rendez-vous, et son son sentait la sincérité et la rage véritable. Kano n'était pas partisan de la violence gratuite, mais l'adrénaline et la testostérone étaient devenus chez lui un doux nectar qu'il aimait à consommer. Ils lui faisaient oublier un instant la peine et les difficultés en les noyant sous la déferlante de colère qu'il gardait en lui. Ce slam lui faisait exactement ressentir une version à peine plus légère de ce doux abandon.

La bataille terminée, le constat fut vite décidé, et ce même si des partisans du challenger - probablement sourds ou complètement idiots - tentaient de militer pour leur favori en jouant les durs. Ces gars et quelques autres lycéens un peu franchouillard commencèrent à se disputer. eux d'entre eux se prirent par le col, et basculèrent dans un coin du foyer, avant de zigzager en se menaçant du point tout en quittant les lieux, suivis par leurs cohortes respectives qui gueulaient en faveur du début du pugilat.
Ce moment de fureur passé, Kano soupira et repéra Shawn assis sur son fauteuil, en train d'écouter sa musique. Le Japonais décida de se lever et de partir à la rencontre de l'ancien leader ; à vrai dire, le titre n'était pas discuté, mais après son absence il semblait que certains auraient voulu qu'il se réaffirme comme tel. Actuellement, autant demander à un serpent de compter sur ses doigts.

Il se dirigea donc vers le fauteuil, s'empara d'une chaise sur le passage, et la posa près de Hugo avant de s'y asseoir, dossier contre la poitrine. Suffisamment remarqué déjà, il attendit que le camarade daigne lever la tête et lui accorder un rien d'attention avant de se lancer.

« Salut ; Kano, je suis nouveau ici. J'ai pas envie de t'embêter, simplement, comme je sais que tu es un peu le gourou par ici, j'aurais aimé ... Enfin je me demandais s'il y avait moyen pour que tu puisses me parrainer quelques jours, histoire que je prenne mes marques et que je bénéficie de ton expérience. »